L’enjeu est la densité de toute chose, du verbe et de la matière. Il y est question de poids, au sens philosophique. Trouver ce fil entre le mot, la matière et l’expérience humaine. Permettre à des univers différents de se rencontrer. Le mot et ses vibrations, ses évocations. La matière, incarnation de l’esprit.

L’assemblage de matières questionne. Soit par le détournement d’objets, proposant un nouveau regard, soit par l’invitation d’un titre qui attire. « Mais que veut-elle dire ? ». Et, peu à peu, on pénètre dans l’œuvre.  Selon le jour, celle-ci nous renvoie le positif ou négatif qui sont en nous. On y retrouve l’ambivalence de l’être humain, sa dualité. Toujours, elle interroge sur notre rapport à l’autre, au passé, à soi, à la densité.

Cet objet, on l’a vu mille fois. Pourtant, même un simple caillou s’y métamorphose pour donner vie à une idée ou jeter une passerelle. On le redécouvre pour en saisir la force, oubliant sa dimension utilitaire, ou au contraire son inutilité. Parce que, ici, il est à sa place et il nous fait avancer dans notre propre histoire. Rendre visible l’incroyable énergie d’un concept. Soudain, l’idée s’impose en toute clarté, en toute évidence. Essentielle. Dans une spontanéité instinctive. Elle nous touche en plein cœur car c’est Vrai. Et voilà qui est rare dans l’art.

Et pourquoi le bronze ? Lui si formel, si classique ? Parce qu’il est ici dépoussiéré et modernisé. À la fin du processus, le prototype est tiré en bronze quand cela est possible. Le jeu de la lumière sur la courbe y est unique. En cas de détournement d’objet, le bronze apporte une distance, réhaussant la symbolique. Né de l’alliage de l’étain et du cuivre, c’est un mariage de matières qui fait écho aux dualités exprimées dans les œuvres. Cette matière nous rappelle à un passé lointain, celui de la forge des armes, des outils ou de la monnaie d’échange.